En passant par The Shining

A Fort Collins

Au nord de Denver se trouve la ville de Fort Collins, vantée par les guides de voyage. Étape modeste et mémorable, jouissant d’une vitalité tout estudiantine, avec ses promenades au long de rues placides ombragées par des arbres élégants. Tout cela est vrai, du moins c’est exactement ce que laisse supposer un premier contact, d’emblée amical. Aucun parking à 23 dollars ne vient assommer le touriste confiant et bientôt dépouillé de ses illusions, comme à Denver, en face de la gare historique. Non, ici l’on se gare sans façon, souscrivant à la promesse implicite de ne pas demeurer plus de deux heures – mais qui irait vérifier, et comment ? S’il existe un système de sanctions, il est bien caché, car nous n’avons vu ni parcmètre, ni agent verbalisateur. Une giboulée glaciale accompagna nos premiers pas dans la ville — pardi, ne sommes-nous pas encore en altitude ? avant qu’un soleil déterminé ne vienne imposer de nouveau la présence de l’été. S’il existe des homeless dans cette ville, nous n’en vîmes aucun.

L’Hôtel Stanley, pâle reflet de sa représentation au cinéma.

Avant d’arriver à Fort Collins, nous sommes passés par Estes Park. C’est, dit-on, l’un des plus beaux endroits de la région, proposant randonnées dans la montagne, activités lacustres, et, surtout, l’hôtel de Shining. On se calme : l’hôtel Stanley est celui qui aurait inspiré Stephen King pour son roman, et pas du tout celui que l’on contemple dans le chef-d’œuvre de Kubrick. Quand on connaît le fossé qui sépare les deux, l’excitation de la découverte s’évapore aussitôt. L’endroit, isolé dans les deux fictions, constitue désormais une parcelle presque insignifiante d’un immense complexe touristique et bassement commercial. Le grand adret pentu accueillant dans son nid l’Overlook est un versant abruti par le tourisme de masse. Reste le chemin pour aller là-haut, et en redescendre pour rallier Fort Collins, avec ses superbes et ses belvédères, même s’il y a tout un monde avec celui parcouru par Jack Torrance alors que retentit le Dies Irae.

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